La marina de Jacaré, sur les bords de l’estuaire du Rio Paraiba, au nord de Joao Pessoa est une marina très sûre, tenue par des Français, un endroit idéal pour laisser son bateau et rentrer en France ou visiter le pays.
Nous avons donc laissé le Folligou six mois au mouillage, au ponton de la marina. Qui dit mouillage dit salissures sous la coque et dans les eaux tropicales, ça va vite! Heureusement, un plongeur de la marina peut venir gratter à la demande avant ques les divers algues et coquillages ne développent autour de l'hélice et des passe-coque un massif sous-marin inattaquable! Autrement, l'endroit et très sûr et très protégé. Pas de cyclones, pas de tempêtes tropicales, jamais de vague ni de houle au fond de cet estuaire. Et le personnel de la marina surveille les bateaux avec beaucoup de professionlaisme et de gentillesse.
C'est un endroit difficile à quitter, tant de fait de son charme, de la gentillesse du personnel (Francis, le gérant de la marina, son adjoint Nicolas, Atillo, le chef technique, tous les autres)...que du fait des difficultés administratives!
Pour quitter le Brésil il faut passer à la police, à la douane et au bureau du port de Cabedello. Le tout dans l’ordre.
Dis comme ça, c’est facile… oui, mais…Il vaut mieux s'y prendre plusieurs jours avant la date de départ souhaitée!
Lundi, à la Policia Federal : un fonctionnaire malade et l’autre en vacances : repassez demain. Bon. Ça arrive.
Le lendemain, chance, après une heure d’attente nous somme reçus par un fonctionnaire valide. Enfin… à peu près valide car lorsqu’il essaie de rentrer dans le programme informatique : aï, caramba, c’est bloqué.
« je vais appeler un dépanneur qu’il dit, je ne sais pas s’il pourra passer tout de suite, et demain je ne suis pas là » (il a probablement prévu d’être malade ou en vacances…)
« Revenez Jeudi ou alors la semaine prochaine (car Vendredi je ne travaille pas) »
C’est là que Nicolas, comme Zorro, intervient.
Nicolas, un des dirigeants de la Marina, connaît le processus comme sa poche et parle Portugais couramment. Pour une somme très modeste il propose ses services aux usagers de la Marina pour négocier les formalités et les y emmener en voiture (quand on sait qu’il y a trois bureaux séparé d’une vingtaine de km… ça ne se refuse pas)
Nicolas a bien vu que le préposé remplissait de travers le formulaire à l’écran… et que du coup il avait planté le programme.
Avec beaucoup de diplomatie il lui apprend à fermer le programme (vous savez, la petite croix rouge en haut à droite) et à le rouvrir, et à remplir le formulaire, et ça marche.
20 minutes plus tard (deux coups de tampon… il m’a un peu rappelé Laspalès) nous sommes au clair avec la Policia Federal.
Il reste encore deux bureaux, on y va dans la foulée.
Ah, non c’est fermé. Il y a une Fête Nationale qui bizarrement s’applique uniquement à la localité en question, qui ne se trouve pas dans le même district que la Police… je ne suis pas sûr d’avoir compris l’explication.
On y retourne mercredi, plein d’espoir. et là, ça marche, tout nos papiers sont en règle pour quitter le Brésil. Bon, d'accord, on prévoit de s'arrêter sur la cote Nord, aux îles du Lençois, mais là, personne ne veindra jamais nous controller. Et à l'arrivée en Guyane, personne ne s'étonnera que nous ayons mis si longtemps à venir de Jacaré!
Jacaré, c’est aussi l’endroit où le « Boléro de Ravel » est une institution !
Tous les soirs, au soleil couchant, un Brésilien, Jurandy do Sax, costume de toile blanche, longs cheveux noirs, arrive en jouant le Boléro de Ravel au saxophone. Il monte à bord d’ une petite barque en bois qu’un marinero va faire évoluer à la pagaye entre les terrasses des café/restaurants montées sur pilotis le long de la côte, et les bateaux à fond plat venus tout exprès, avec leurs touristes, pour écouter le musicien.
La musique du saxophone s’égrène au fil de l’eau, et à la lumière du soleil couchant, relayée par wifi vers les haut-parleurs installés dans l’un des restaurants et qui diffusent aussi la musique de fond du boléro, enregistrée au préalable.
Depuis combien de temps fait-il ça, je ne sais pas. Il faudrait pouvoir lire son site écrit en Brésilien pour le savoir, mais depuis trois semaines que nous sommes à Jacaré, nous l’avons vraiment entendu tous les soirs, depuis la marina. Les sons portent loin sur l’eau.
C’est romantique, c’est unique, c’est le Brésil !