Guyane Française

Nous avons passé 15 jours à St Laurent du Maroni, sans passer par Cayenne ni Kuru dont nous avions entendu pis que pendre sur la qualité des mouillages.

Pour le bateau, c’était plus facile de mouiller à St Laurent du Maroni, dans une zone équipée de mouillages solides installés Davide Matalecani, un Italien polyglotte fort sympathique, qui procure un accès internet qui marche, un service de laverie, une aide au ravitaillement, une aide pour les formalités ou pour la visite au Suriname en taxi, un petit café où il fait bon se retrouver entre navigateurs pour parler voyage, incidents techniques etc…Un mouillage très recommandable !

 

Le bagne d’abord. Ce n'est sans doute pas un passé dont les Guyanais sont très fiers. Les prisonniers de droit commun, grand criminel ou simple récidiviste de petits délits, ou prisonniers politiques ou militaires (Alfred Dreyfus, le plus célèbre) arrivaient au camp de la Transportation à St Laurent du Maroni, avant d'être dispatchés dans les camps dans la jungle, ou au bagne des îles du Salut. La vie dans ces bagnes était assez épouvantable. Malnutrition, manque d'hygiène,  promiscuité, la saleté, des conditions d'hébergement extrêmement sommaires, les travaux forcés exténuants et maladies tropicales avaient vite fait de faire mourir les prisonniers (80 % de mortalité!). Et l'administration Française a fermé les yeux pendant toute l'existence du bagne, soit 100 ans de 1852 à 1953, ou du moins jusqu’à ce qu’un journalise dénonce la situation en 1930.

 

Ensuite, le site spatial de Kuru est sûrement intéressant à visiter, mais pour y aller à partir de St Laurent, il faut louer une voiture, donc nous ne l’avons pas fait.

 

Autrement, la Guyane est un pays intéressant. Théoriquement un département Français, mais une mixité ethnique incroyable, un peu de corruption, énormément de trafics de drogue et d'or entre les deux rives du fleuve (Guyane d'un côté et Suriname de l'autre), sous l'oeil complaisant des policiers! C'est spécial et intéressant à découvrir. Les ethnies sont:
- Une grosse majorité de Noirs créoles, descendants des esclaves mais très mélangés avec des blancs, des asiatiques etc.. Ce sont eux qui tiennent l'administration et font en sorte que les choses ne changent pas trop vite!
- des noirs Maroons descendants d'esclaves s'étant échappés des plantations. Comme ils sont restés réfugiés dans la jungle pendant un ou deux siècles, ils sont très très noirs, et parlent leur propre dialecte. Plusieurs dialectes différents. Certains d'entre eux viennent du Suriname (le pays d'à côté, ancienne colonie Hollandaise), qu'ils ont fui lors d'une guerre civile en 1982.
- les Hmongs qui ont fui le Laos alors qu'ils étaient persécutés par le régime communiste et se sont réfugiés dans beaucoup de pays différents, dont la France, et en particulier la Guyane, où le gouvernement Français les a aidés à s'installer en récompense de services rendus à l'armée Française pendant la guerre d'Indochine. Ils sont travailleurs et de bons agriculteurs et ce sont eux essentiellement qui fournissent l'ouest de la Guyane en fruits et légumes.
- Et bien sûr les Chinois qu'on retrouve dans tous ces pays là et qui tiennent tout le petit commerce.
- et j'ai failli oublier les Blancs! mais il faut reconnaître qu'ils ne sont pas très nombreux, et ceux qui sont là sont souvent venus là pour vivre une vie de baba cool très différente de celle de la métropole.

Autre aspect intéressant: on voit ici les effets pervers désastreux du système social Français. Les allocations familiales, quelle catastrophe !! les sommes d'argent versées tous les mois ont complètement corrompu tous ces gens qui ne foutent plus rien car ces allocations leur permettent de vivre bien, d'autant plus qu'ils peuvent facilement traverser le fleuve et aller faire leur course au Suriname où le niveau de vie est beaucoup moins cher. Mais cela crée des tensions entre les deux pays car les Surinamais qui gagnent 300 euros par mois apprécient peu de voir arriver ces Guyannais qui touchent 3000 euros (les familles sont grandes ici!) sans rien faire

 

 

Suriname

Nous avons donc visité Paramaribo, la capitale du Suriname en traversant le Maroni en pirogue puis en prenant un taxi jusqu'à la ville, environ 2 heures ½ de trajet. C’est plus facile que d’y aller avec notre bateau car on commence à se lasser de ces entrées de rivière nécessitant d’arriver de jour et avec le courant montant. Pour entrer dans le Maroni, nous avions du mettre à la cape pendant six heures, dans la houle, pas rigolo.

Au point de vue climat et environnement, le Suriname ressemble à la Guyane. La population est aussi très mélangée, avec une dominance d’Indiens et de Javanais. Les religions Hindous, Chrétiennes et Musulmanes font bon ménage et les églises respectives sont quelque fois côté à côte.

Le Suriname est  une ancienne colonie Hollandaise, la langue officielle est donc le Hollandais.

Paramaribo est une ville très bigarrée, avec des maisons en bois de style coloniale, et même une cathédrale en bois très belle. 

Guyana (Guyane Anglaise)

Nous sommes tombés sous le charme du Guyana, le plus petit pays d'Amérique du Sud, dont nous ignorions jusqu'à lexistence il y a quelques mois.

75 % de jungle en partie inexplorée, plus de 800 espèces d'oiseaux, plus de 200 chutes d'eau (Guyana signifie "Land of many waters"), un potentiel touristique fabuleux encore très sous-exploité.

Encore une population très mélangée sur le plan ethnique, religieux et cuturel, mais tout le monde semble se respecter et faire bon ménage. Moitié Indiens et Javanais, des Noirs créoles, quelques Brésiliens, quelques Chinois, quasi pas de Blancs. Langue anglaise, et créole dérivé de l’anglais.

 

Nous avons passés quelques jours à Bartica, une petite ville (10 000 habitants), sur la rivière Essequibo, à 40 milles de l'embouchure. Encore une entrée de rivière difficile à négocier, mais cela valait vraiment le coup, nous sommes sous le charme du Guyana.
La ville est très animée, un bazar pas possible. Des appontements en bois complètement décrépis, des boutiques de toutes sortes, une vache qui déambule dans les rues, des petits écoliers en uniforme, des 4x4, des vrais, pas les joujoux parisiens, avec roues très hautes et un  énorme treuil tout rouillé, un bric-à-brac de chargement, très marrant, des buggys etc..

 Nous sommes le seul voilier au mouillage devant Bartica, les seuls touristes dans les rues, et à fortiori les seuls à être arrivés sur un voilier. Donc dans les magasins et les Bars, les gens viennent nous voir et nous disent "c'est vous qui êtes sur le bateau?". Il faut dire que Folligou est mouillé au milieu de la rivière, assez loin du rivage pour éviter les barges et les bateaux-taxis, donc assez "conspicuous"! Depuis la rive, il semble bien seul au milieu de sa rivière, assez large à cet endroit là.

Davide Matalecani organise tous les ans depuis trois un rallye de voiliers qui part de Trinidad vers le Guyana et la Guyane Française. En dehors de cette flotte de voiliers, peu de navigateurs visitent le Guyana, pourtant c’est une escale vraiment sympathique et l’accueil est extrêmement chaleureux.

 

Ensuite, nous nous sommes déplacés à Baganara, un "resort" plus haut dans la rivière. Un mouillage magnifique (voir photo du haut de la page)

De là, nous avons pu aller voir les chutes d’eau de Kaieteur et Orinduik.

Un petit avion avec déjà 10 passagers est venu nous chercher sur l’île qui dispose d'un "air strip" très sommaire! Ensuite, 40 minutes de vol au-dessus de la jungle pour rejoindre les chutes d'eau de Kaiteur, l'eau tombant sur 220m de haut dans un très beau décor. Comme la saison est plutôt sèche en ce moment, le débit de la chute n'était pas énorme, mais c'était joli et nous avions un guide amérindien très sympathique. Ensuite, deuxième vol de 20 minutes pour aller aux chutes Orinduik, tout au sud du Guyana à la frontière avec le Brésil. Un paysage de savane très différent de celui du nord du pays. Très belle excursion.

Nous avons aussi pris un bateau-taxi pour aller visiter la capitale Georgetown. Une virée d'environ 45 minutes, mais cela vaut la peine. Ne pas manquer la visite de la cathédrale en bois, très lumineuse et aérée, avec ses orgues dont les tuyaux sont peints, magnifique! Et bien sûr, le marché, et toutes les petites rues alentour, un désordre et une animation  indescriptibles! Nous avions laissé le bateau devant Hurakabra, le resort de Gemm et Kit Nascimento, sous bonne garde de MIke, le manager. 

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© Carole Beaumont