L'archipel des Tuamotu

L’archipel des Tuamotu compte 77 atolls à fleur d’eau, plantés de cocotiers, répartis sur 1500 km en arc de cercle autour de Tahiti. Le quotidien des Paumotu, les habitants des Tuamotu, est fait de pêche, de ramassage du coprah (l’intérieur des noix de coco dont on fait l’huile de monoï), de travail dans des fermes perlières, d’activités communales (entretien des routes, écoles etc…) et de tourisme pour les quelques îles du nord les plus privilégiées comme Rangiroa, Tikehau et Fakareva, paradis des plongeurs. La faune exceptionnelle rencontrée dans les passes (raie manta, requins etc..) font de ces îles les plus beaux spots de plongée de la planète. La situation est assez différente dans les îles plus au sud, assez déshéritées et endormies.

Ces îles sont desservies par un bateau qui arrive tous les quinze jours avec le fret et le ravitaillement en fruits et légumes, celui-ci pouvant aussi arriver par avion. En dehors de ces arrivées, les rayons des épiceries sont assez désespérément vides, il faut s’en accommoder !

La navigation est difficile dans les Tuamotu, ce sont des îles basses qu'on n'aperçoit qu'au dernier moment, mais surtout, surtout, les courants dans les passes peuvent être violents voir photo ci-dessus et explications ci-dessous

 

 

Tours de passe-passe

Les atolls des Tuamotus

 Une partie des atolls sont inhabités, d’autres ont un petit village et une jetée pour le ferry qui vient de temps en temps… personne ne sait exactement quand, ni s’il apportera des  légumes frais, qui de toutes façons disparaitront avant que nous ne puissions mettre la main dessus.

Mais avant de faire la chasse aux légumes, il faut y entrer dans ces atolls, et là commencent les difficultés.

 

C’est le principal sujet de conversation entre les bateaux de passage. Les fameuses passes.

 

Beaucoup d’atolls ne comportent pas de passe, ou alors si petites que seule une barcasse pourrait y entrer. Cela laisse tout de même une bonne trentaine d’atolls praticables.

Ces passes ont de quoi faire réfléchir. Les courants y atteignent couramment 15 nœuds, et lèvent des rapides, de véritables murs d’eau avec lesquels il faut mieux ne pas aller faire joujou (voir photo) surtout par courant descendant lorsqu’il s’oppose au vent et à la mer.

 

Il faut donc se présenter au moment de l’étale (le moment où le sens courant est censé s’inverser). Facile, me direz-vous, c’est comme pour notre bon vieux raz de Sein, il suffit d’avoir les horaires des marées de Brest et d’arriver à la bonne heure.

 

Pas si simple !

 

D’abord se procurer les horaires des marées. Oui mais lesquels ? Ne comptez pas trouver les petits dépliants « heures des marées » au café du coin. Il faut aller sur internet (ce qui est une autre aventure, voir la brève à ce sujet)

Mieux vaut ne pas conter sur la sagesse locale. Vous aurez des réponses comme : « la mer est toujours basse le matin » « le courant est toujours montant au coucher du soleil » « la mer est haute six heures après le lever de lune » La dernière information n’étant peut-être pas si fausse d’ailleurs.

 

Nous avons donc essayé plusieurs sources :  SHOM, NOAA, T&F, Ayetides, MaxSea… et comparé les résultats dans un tableau Excel. En effet :

-Les heures sont données en GMT, ou en heure locale qui peut être GMT moins 10h ou moins 11h ou même l’heure des Marquises qui est GMT moins 9h30.

-Les horaires sont ceux de  Hao ou de Rangiroa ; Pour les autres atolls, il faut appliquer une correction un peu pifométrique qui peut atteindre 1h30.

-Je passe sur le fait que certains horaires sont donnés à l’Américaine, en AM ou PM et que justement PM pour nous c’est pleine mer, il y a de quoi s’emmêler les crayons.

Résultat : tous différents ! La palme revenant à notre très chère cartographie MaxSea qui est carrément décalée de plus de trois heures.

 

Ensuite, il s’agit d’estimer l’heure de l’étale (le slack-time) qui peut être décalée de deux bonnes heures sur l’heure de pleine ou de basse mer… ou même ne pas exister du tout. Dans certaines passes et certaines conditions météo, le courant est descendant 24h/24. Vous avez bien lu !!! 

 

Explication : le lagon est un grand réservoir d’eau (certains trois fois comme Belle-Ile) qui se remplit constamment lorsque les vagues brisent sur le récif du côté au vent. Tout cela doit se vider par une seule passe étroite, rarement deux. Lorsqu’il y a eu plusieurs jours de mer assez forte, la quantité d’eau à évacuer par la passe est colossale et le courant est toujours sortant.

 

Il faut donc être très méfiant, avoir un bon moteur, approcher par le côté et non par le milieu du courant, aussi près que possible du récif sans se mettre sur les cailloux, observer aux jumelles l’état de la mer dans la passe, et… faire courageusement demi-tour pour attendre si « on ne le sent pas » 

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© Carole Beaumont