Départ le 10/12/2015 au matin de Jacaré, vers les îles du Lençois, au nord du Brésil.
Après 2 à 3 jours de mer, le Folligou file entre 6 et 7 nds avec 20 noeuds de vent au travers. Il a fait la moitié du parcours. De petits problèmes techniques empêchent la diffusion des brèves de traversées. Mais tout va bien à bord !
Brève du 12 et 13 décembre 2015
Voilà 48 heures que nous avons quitté la marina
Jacaré. Nous avons eu du mal à nous arracher tant cet endroit est agréable. Une équipe très accueillante, une marina plaisante, bien aérée, des plantes vertes tropicales partout, une nouvelle
connexion internet qui marche remarquablement bien, la vie animée d'un village de pêcheurs autour de la marina, des plaisanciers de passage comme nous avec qui on sympathise tout de suite, bref, un
petit paradis.
Mais il faut continuer le voyage, il y a encore tant
de choses à découvrir. Nous avons donc quitté le ponton vers 07 heures du matin pour profiter de la marée descendante. Heureusement que nous avions 4 milles de chenal protégé avant de sortir car
après avoir remonté grand-voile, bosses de ris, écoutes, lazy-bag, il y avait forcément quelques "distribils", comme on dit dans le jargon nautique!
Maintenant nous avons parcouru 250 milles, un peu
moins du tiers (étape de 880 milles), dans des conditions très faciles. Les alizés nous poussent doucement. D'abord de sud-est, ils sont passés progressivement au nord-est et maintenant nous
naviguons avec le gennaker et le foc en ciseaux, et la GV à 4 ris dans l'axe du bateau. On reprend tranquillement le rythme de la croisière au large; deux quarts chacun, l'un de trois et l'autre de
deux heures. Evidemment, les premières nuits, on ne dort pas très bien, mais l'habitude de dormir malgré le bruit et les mouvements du bateau (la houle, vous vous souvenez?) revient. Et dans la
journée, il n'y a pas grand chose à faire d'autre que de rattraper le manque de sommeil.
Bref, tout va bien, on est content de se retrouver en
pleine mer, avec des dauphins sauteurs (deux fois déjà), des pétrels magnifiques, et même un groupe de frégates qui planaient au-dessus d'un bateau de pêche. Quel bel
oiseau!
Brève du 14 décembre 2015
Samedi et dimanche furent deux journées
magnifiques. Nous avons eu de la chance avec le temps, un ciel classique de région des alizés avec quelques petits cumulus et un vent soutenu mais maniable.
Pourtant, nous sommes
tout près de l'équateur et donc de la zone de convergence intertropicale, autrement dit le Pot au noir. Près de la cote du Brésil, il n'est pas très actif, et probablement en cette saison, il est
encore plus au nord.
On s'attendait à trouver des grains avec parfois de fortes rafales, mais non, rien pour le moment. La mer est d'un bleu profond avec des beaux creux et quelques petites déferlantes, le
bateau marche bien
sous ses "trinquettes jumelles" (en fait gennaker et foc tangonné en ciseaux), et le capitaine jubile!
On croise de temps en temps un cargo, un ou deux par
jour. Hier en fin de journée, un cargo nous rattrapait, droit sur notre route. Chose incroyable, il s'est franchement dérouté pour nous éviter.
C'était bien sympa de
sa part car avec notre voilure compliquée, nous n'étions pas très manoeuvrant. Du coup, le capitaine l'a appelé à la VHF pour le remercier. Ce cargo se dirigeait vers les Philippines, via le canal
de Panama et l'océan
Pacifique !
Plus tard, dans la soirée, un deuxième cargo nous
arrive droit dessus, sans donner de signe de changement de direction. Le vent avait bien forci à ce moment là, et nous n'étions plus que sous
gennaker seul. Mais
nous étions encore un peu trop toilé et il a fallu affaler le gennaker. Pas facile de nuit, avec des rafales à 25 nds. Mais rassurez-vous, on met nos gilets de sécurité et on s'attache dans ces cas
là. Le reste de la
nuit sous foc seul fut plus tranquille.
Nous prévoyons d'arriver aux îles du Lençois demain
dans la journée, en profitant de la marée montante dans le chenal. Nous n'avons pas renvoyé le gennaker, trop de vent, mais avec GV à 3 ris et foc
en ciseaux, on marche
bien. Désolée pour tous ces détails techniques, mais il n'y a pas grand chose d'autres à raconter !
On pense bien à vous tous, qui devez vous agiter pour
faire vos courses de Noel...veinards que vous êtes!
Les îles du Lençois (1°18.860 S - 44°52.823
W)
Un endroit magique à l'écart du monde! Imaginez un
paysage de mangrove et de dunes de sable d'une finesse et d'une blancheur extrêmes, accessible par un petit bras de mer, très protégé. Au milieu de ces dunes, façonnées par le vent en dômes,
courbes, creux, lignes de crêtes comme dans le Sahara, un petit village de pêcheurs, totalement invisible depuis le large. Des petites maisons en bois très sommaires,
une porte, une
fenêtre, une palissade délimite un petit jardin, et, luxe essentiel, une antenne satellite et dans la maison, un petit poste de télévision.
Mais pas de téléphone portable, aucun réseau! bien
entendu, pas de voiture ni de mobylette ni de vélo car partout du sable, des dunes, aucune route. L'électricité arrive jusque-là mais il semblerait qu'il n'y ait pas d'eau courante car les femmes
(et seulement les femmes) vont régulièrement à un puit creusé dans le sable à l'écart du village et reviennent avec un gros baquet plein d'eau sur la tête. Les hommes, eux,
vont à la pêche.
Quelques gros bateaux de pêche en bois et des pirogues de mangrove sont mouillés devant la plage. Ces bateaux échouent à marée basse et les pêcheurs somnolent en écoutant de la musique et
en buvant de la bière... mais à marée haute, ils s'activent un peu et vont pêcher le long de la côte et dans les bras de mangrove en mettant des filets partout. On nous a promis des crevettes pour ce matin, on les
attend toujours! Une
petite épicerie dans le village qui vend du riz, des crackers, de l'huile, du corned-beef, quelques produits d'entretien, et c'est tout!
Des légumes arrivent ce soir, on verra. Ils se
nourrissent probablement essentiellement de poissons et de crevettes.
Beaucoup d'enfants, des enfants partout comme toujours
dans les villages au Brésil (du moins dans le nord du Brésil que nous avons vu), des enfants qui jouent au ballon sur la plage, qui se baignent, qui vont à l'école. Une école que nous n'avons
pas encore trouvée mais hier soir vers 16 heures, des enfants en uniforme se sont répandus sur la plage avec leur petit cahier d'écolier sous le bras. Oui,oui,en unifome, un
uniforme de climat
chaud, tout simple, T-shirt et pantacourt, mais uniforme quand même, même dans ce coin paumé!
Nous avons la chance dêtre le seul bateau de
passage dans ce mouillage de rêve. Un reve pour nous, mais pour eux? Leur mode de vie est quand même très rustique... est-ce que certains s'ennuient ? Que pensent-ils des autres modes de vie
qu'ils voient à la télé? Mais la communauté semble très soudée et sans doute sont-ils mieux là que dans les favelas des grandes villes du Brésil.
Dans les village, les gens sont très gentils et nous
interpellent pour échanger quelques mots, ou quelques gorgées de bière! Pas facile avec notre Portugais rudimentaire, mais on essaie. On va rester ici quelques jours et essayer d'en savoir plus.
A suivre, donc;...
Brève du 20 décembre 2015
Et la suite ne manque pas de sel !
Hier, nous avons fait l'attraction du village. Nous
avions décidé d'échouer le bateau pour gratter la coque, inspecter les anodes etc. Nous avons donc d'abord procédé à un repérage pour trouver une zone de sable ferme.Pas facile, il y a beaucoup de
zones vasouillardes ici. A l'heure dite, vers 13 heures, on arrive avec le bateau pour se poser à l'endroit choisi, enfin à peu près car il y un bateau de pêche dont la chaîne se prend sous la
quille d'abord et dans le propulseur d'étrave ensuite... mais on se pose, et on descend les dérives latérales pour que le bateau reste bien en équilibre sur sa quille. Au bout de quelque temps, nous
descendons pour commencer à gratter. Et là, une dizaine d'enfants du village, entre 6 et 14 ans, garçons et filles, arrivent pour proposer leur aide. Nous leur passons des grattes et tout le monde se
met au travail avec entrain. Au bout d'une heure environ, après avoir bien gratté, les enfants commencent à en avoir marre et je rentre dans le bateau pour sortir mon arme secrète, un gâteau au chocolat préparé à
leur intention le matin même. En effet, des amis avec le même bateau que nous avait fait la même manip l'année dernière, et je savais donc à quoi m'en tenir! Mes amis, quel succès! Ce gâteau qui
faisait rêver Hubert sur son vélo au fin fond du Népal et que les amis de Guillaume réclament toujours avec insistance, a eu le plus gros succès de sa carrière ! J'avais une dizaine de mains
mouillées tendues devant moi et je distribuais des petits morceaux à tour de rôle, ils en rafolaient. Ils n'ont probablement jamais l'occasion de manger ce genre de gâteau ici. "muïtou bom" qu'ils
disaient...
Ensuite, ils sont restés à traîner sur la jupe et dans
le cockpit du bateau (j'ai eu beaucoup de mal à les empêcher d'entrer, avec leurs pieds pleins de vase) pendant presque une heure, jusqu'à ce qu'un adulte vienne les déloger. Car ici, les adultes
font la sieste pendant que les enfants font les 400 coups.
Ensuite, nous avons encore travaillé sur la coque
pendant deux bonnes heures, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive que le bateau se couchait peu à peu sur tribord, en enfonçant la dérive dans la vase. Eh oui, la vase ! Nous pensions avoir échoué le
bateau sur un fond de sable dur mais il n'en était rien et nous avons commencé à avoir très peur de casser la dérive et de voir le bateau tomber lourdement sur le sol. Nous avons donc décidé de
relâcher le bout qui maintenait la dérive basse et le bateau s'est couché progressivement sur son flanc, en s'inclinant d'environ 30°. Et ouf, rien de cassé, ni dérive ni safran (relevé à l'échouage,
heureusement). Mais vous imaginez cette grosse masse d'aluminium couché comme une baleine sur la plage, devant le village ! Nous sommes évidemment devenus la curiosité du moment et nombre de
personnes sont venus voir, commenter, prêter une pelle et même creuser avec nous pour dégager la dérive de la vase, poser des questions techniques etc.. mais
tout cela de façon
gentille, et étonnament solidaire. Nous n'avons senti de leur part aucune irritation, aucune attitude envieuse devant ces étranges venus exposer leur beau bateau devant leur
porte.
Puis vers 18 heures, au coucher du soleil, tout le
monde est parti et nous avons attendu que la mer monte pour repartir de nuit, vers 22 heures. Là, je vous épargnerai les détails techniques, mais pour se dégager du bateau de pêche à côté de nous et
de celui venu se mettre derrière dans la journée, ce ne fut pas une maoeuvre facile et il a fallu que le capitaine fasse à nouveau trempette dans la quoi ?.. la vase bien
sûr!
Au bout, du compte, nous étions assez content de
nous être bien sortis de cette histoire!
Aujourd'hui dimanche, repos ! Avant le prochain objectif qui est d'atteindre St Laurent du Maroni en Guyane Française pour le soir de Noël ! Bonnes fêtes à tous !
Départ le 22/12/2015 à 14 avec la fin du courant montant, vers Saint-Laurent-Du-Maroni en Guyane Française
Nous avons quitté le Lençois avec un peu d'émotion, c'est vraiment un endroit attachant...
La sortie de la rivière fut très pénible. La côte,
faite principalement de dunes et de mangrove, se prolonge par un banc de sable qui brise loin en mer et le chenal est de seulement 8-10 m d'une eau boueuse déprimante. Et la mer est cahotique, le bateau
projeté violemment dans tous les sens, très inconfortable!
Au bout de quelques heures de moteur, on finit par
retrouver les alizés et la mer d'un bleu foncé profond, magnifique sous le soleil;
Nous avons très bien marché jusqu'à hier soir, jeudi
24, où le vent nous a totalement laissés tomber. Probablement une zone de convection entre les deux hémisphères, un mini pot au noir en somme, toujours peu actif près des côtes du Bésil. Nous avons
donc passé le Réveillon de Noël au moteur!
Au menu, un punch de mel à la cachaça et citron vert,
un tartare de wahoo (beau poisson -1m- pêché la veille), et un gâteau au chocolat moelleux, le tout arrosé d'un excellent vin blanc 'El Griffo' de Lanzarote. Nous avons pensé très fort à toute la famille entrain de
réveillonner chez Mamie, et avons même entonné "Les Anges dans nos campagnes" à 20 heures (minuit en France!) pour être en parfaite communion!!
Aujourd'hui jour de Noël, le temps est couvert mais le
bateau avance à 8-9 noeuds avec sa carène toute propre, pas de quoi se plaindre. Nous pensons arriver à Saint Laurent du Maroni en Guyane Française demain, mais négocier l'entrée de la rivière
au bon moment de la marée, et de jour, ne va pas être facile. Il nous faudra peut être patienter au large à la cape...